Ce n'est pas le sang, ce ne sont pas les dents. Que faire des siècles, malheureux solitaire. C'est le vent, ce sont les odeurs. C'est la vitesse, c'est la précision. C'est la force du prédateur mais la retenue de la raison. C'est l'esprit vif et clair. Spirit et corpus se balançant, aisément, au gré de l'envie. Ce n'est pas la soif, c'est le plaisir de la contrôler puis le désir récompensé.
Un vampire c'est celui qui traverse la ville aussi vite que la lumière dont il se cache mais en saisit chaque détail, chaque goût, chaque impression... Courir avec les éléments.
Pourquoi les vampires et les loups-garous me plaisent-ils ? Ce n'est pas le goût du sang et moins encore la viande fraîche ! Pas de bêtes sauvages, je les aime contrôlés ̶ tentés, mais à visage humain. J'aime leur dilemme de prédateur apprivoisé. On sait bien qu'ils nous seront inoffensifs. On le sait mieux qu'eux, même, qui craignent pour leurs compagnes. Non pas inhumains ils sont plus qu'humains. Dualité accentuée, sens exacerbés. Ils sont, comme l'écriture, ce qui nous amène parfois en dehors de toutes choses et au coeur de tout. C'est la découverte implicite des enjeux du monde et de la vie, à l'heure où la vie n'est qu'une fin, organisée, orientée, suivant ses buts sans trouver son sens. Cela doit rester temporaire puisqu'on doit rester dans cette vie. Trop submergée ainsi par ces intrusions fantastiques, Bella la quitte. Tout cela ne doit rester que du rêve et on n'en voudrait pas autrement ; tout y est permis, la réalité n'est plus la même et on n'a pas le même jugement. C'est un rêve étrange et on en a besoin.
Il faut seulement ne pas oublier de se réveiller au matin, quand la lumière du jour filtre à travers les volets et que la Lune disparue est en train de rêver...